lundi 26 avril 2010

La traversée


A plusieurs voix :

Octave
J'ai bien aimé le bateau. Il y a treize ponts sur le Queen Mary 2 et beaucoup de canots de sauvetage. Notre cabine était sur le pont 6, et il y avait trois lits, dont deux superposés. Chaque nuit il y avait un petit chocolat sur le lit.

Chaque jour je suis allé dans la Zone, une sorte de centre de loisirs pour les enfants. Tout le monde parlait anglais, et une des animatrices, Catherine, ne savait pas prononcer mon nom. Elle m'appelait "Octobe". J'ai appris à dire des choses en anglais, comme "See you later".

















Sur le bateau, j'ai beaucoup aimé me baigner. J'étais trop petit pour aller dans le grand bassin, donc je me suis baigné dans le jacuzzi. J'ai trouvé ça agréable toutes ces petites vagues qui débordaient.

 Adrienne :


Sur le bateau il y avait des codes vestimentaires pour le dîner (pour le breakfast et le lunch il n'y en avait pas).
Soit: élégant décontracté , bien habillé (semi-formal) ou très bien habillé (formal).
Les dames étaient habillées souvent avec une robe noire, quelques fois à paillettes, ou avec un châle. J'ai même vu une dame avec de la fourrure sur les bras.
Il y avait aussi quelques dames qui avaient des robes blanches, violettes, rose pâle ou encore vert foncé mais la majorité était noire. Pour  les soirées "semi-formal" il y avait des dames qui avaient des motifs floraux.

Pour les soirées "formal", presque tous les hommes portaient un smoking et pour les soirées "semi-formal", ils avaient une cravate.
Ils portaient une veste et un pantalon presque toujours noir mais j'ai vu quelques messieurs avec une veste blanche.

Les serveurs eux aussi avaient un code vestimentaire : pour le breakfast et pour le lunch ils portaient une veste blanche et pour le dîner une veste noire. Les chefs serveurs portaient toujours une veste noire.

Les serveurs du soir étaient toujours les mêmes. Ceux qui s'occupaient de nous s'appelaient Lara et Arnold. Ils viennent tous les deux des Philippines. Ils sont très sympathiques. Ils nous recommandaient toujours les plats végétariens.Lara sera sur le bateau quand nous serons là en août, mais Arnold sera en vacances.

Un jour, il y a eu un défilé des cuisiniers. C'était impressionnant! Ils étaient une trentaine avec des  grandes toques. Les chefs cuisiniers ont été présentés.

Pendant les repas un des chefs des serveurs qui s'appelait Ionel (il était roumain) venait bavarder avec nous. Il a un fils qui s'appelle Octavian !


Alice :


Le début de la traversée est placé pour moi sous le signe du mal de mer.
Pas de tempête pourtant, des vagues qui semblent de hauteur normale. Lorsque je sors sur le pont et que je peux regarder l'horizon, tout va bien, mais quand, devant le froid et le vent, je dois réintégrer la cabine, à l'arrière du bateau, les symptômes reprennent.

"Sleep it off", me recommandent les employés de la Cunard.

La nausée rappelle celle des premières semaines de grossesse. Elle m'oblige à aller m'allonger, et, effectivement, le plus souvent à dormir.

J'en parle autour de moi et découvre que les voyageurs aguerris prennent des cachets dès le premier jour, ou ne souffrent pas du tout du mal de mer. Le plus terrible, alors que je peux à peine mettre un pied devant l'autre, c'est le regard condescendant d'un employé au Purser's office à qui je demande quel est le remède le plus efficace. Il me répond que ça se passe entièrement dans ma tête. Je suis tentée de lui répondre que toute notre existence se passe justement là, dans notre tête, mais le mal de mer n'améliore pas mon sens de la repartie.

Cyril découvre qu'une des boutiques à bord vend des bracelets d'acupression qui peuvent remédier au mal des transports. Ils ressemblent aux bracelets portés par les joueurs de tennis dans les années 70 (Guillermo Vilas, Björn Borg, Vitas Gerulaitis...), mais avec une petite pastille blanche, censée exercer une pression sur le poignet. Je ne comprends absolument pas comment ce truc fonctionne (et je découvrirai d'ailleurs ensuite qu'il est considéré par les plus indulgents comme un placebo, au pire comme un attrape-nigaud), mais cela me soulage immédiatement. Adrienne, qui commence elle aussi à avoir le tournis, les porte et se sent bien mieux elle aussi.


Ce problème réglé, je peux enfin goûter au plaisir des journées à bord, réglées comme du papier à musique.

Matin, midi et soir, nous prenons nos repas au restaurant Britannia. Les serveurs, très, très gentils, semblent contents de voir une famille - il y en a peu à bord. Ils sont étonnés aussi de voir des enfants qui ne réclament pas des frites et du poisson pané à chaque repas et qui apprécient des menus prévus pour des adultes. Quant à Adrienne, Colombe et Octave, ils prennent rapidement goût aux repas au restaurant et commencent à trouver agréable qu'on leur ouvre leur serviette, qu'on remplisse leur verre d'eau, et qu'on leur serve des mets délicieux.

Globalement ils se tiennent vraiment bien (même si Octave choisit de régurgiter une petite pomme de terre trop chaude, précisément au moment où le head server vient nous demander si tout va bien).

Dans la journée, Cyril et moi travaillons un peu. Plusieurs traductions intéressantes sont tombées, et moi j'essaie d'avancer dans les derniers chapitres du livre sur les désastres écologiques. Les enfants vont dans une "play zone" (The Zone) une heure le matin et trois heures l'après-midi. Tout le monde parle anglais, donc c'est la première immersion pour les enfants dans une langue qu'ils ne parlent pas vraiment.

La moyenne d'âge des passagers est assez élevée, et les activités organisées sur le navire sont destinées à une clientèle anglaise, âgée et plutôt conservatrice - nous ne parlons pas de politique ici ! : dégustation de whisky ou de porto, conférences sur les voyages de Magellan, ou sur le mal de dos. Donc à part un vieux monsieur d'Irlande du Nord très gentil rencontré dès l'embarquement à Southampton avec qui nous discutons un peu chaque jour et quelques bonjour-bonsoir, nous restons plutôt entre nous.

Matin et soir, avant d'aller travailler dans la cabine ou à la bibliothèque du bateau, je fais le tour du Queen Mary 2 sur le pont 7. C'est le seul pont qui fait un tour entier du navire. Un panneau, avec la mention "Walkathon", indique que trois tours font un mile, soit un kilomètre et demi. Comme beaucoup d'autres passagers, je fais plusieurs tours, qu'il vente ou qu'il pleuve. Certains ont l'air de faire ça très sérieusement, comme un sport. Parfois, le vent est tellement fort que des parties du bateau sont fermées. L'avoir dans le dos permet d'accélérer le pas ...

L'image que j'avais des croisières avec des personnes qui paressent sur des transats, un cocktail à leurs pieds, ne correspond pas vraiment à la réalité, en tout cas pour cette traversée fin avril.

Dehors il fait plutôt froid et on est mieux à l'intérieur, devant une grande baie vitrée donnant sur l'océan.



Un matin, nous passons à proximité de l'endroit où le Titanic a coulé, le 12 avril 1912. Le commandant du navire ("Bernard Warner, the Commodore"), qui fait chaque jour à midi le point sur la traversée, donne ce-jour-là beaucoup de détails sur les rapports émis par le service canadien des glaces. A force de prononcer des paroles rassurantes sur l'éloignement des icebergs, nous commençons à regarder les bateaux de sauvetage avec plus d'intérêt.

Un livre vendu par la librairie à bord :

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