mercredi 16 juin 2010

Donora, le musée du smog


Au sud-est de Pittsburgh, nous continuons à faire route vers Philadelphie. Sur la route, nous voyons un panneau : Donora.

Comme Alice le raconte dans son livre (à paraître) sur les désastres environnementaux, Donora est, avant Londres en 1952, une des premières villes victimes du smog après la deuxième guerre mondiale.

Le smog ("smoke" - fumée - + "fog" - brouillard) est un phénomène qui conjugue temps froid, sans vent, et un air chargé en particules. C'est une sorte de brouillard de pollution, qui tombe comme une chape de plomb sur la population et qui rend malade. Pour les personnes fragiles, les personnes âgées, les enfants, ceux qui sont cardiaques ou atteints de maladies respiratoires, le smog peut tuer.

Selon les autorités sanitaires, entre le 27 et le 31 octobre 1948, la pollution de l'air à Donora, un cocktail toxique de monoxyde de carbone, de dioxyde de soufre et de poussières métalliques, a provoqué la mort de vingt personnes et en a rendu malade environ 7.000 (à peu près la moitié de la population).


Nous décidons de faire une halte dans cette vallée restée dans les annales.

Là, nous découvrons un petit musée ouvert en octobre 2008, à l'occasion du 60e anniversaire de la catastrophe. Nous avons aussi la chance de rencontrer Brian Charlton, prof au lycée de Donora, qui anime la société historique locale, et qui nous raconte ses recherches sur la vie quotidienne du temps des usines American Steel and Wire et U.S. Steel, qui fabriquaient de l'acier et du zinc pour une économie en pleine expansion.

En échange de l'envoi du documentaire co-écrit par Alice pour la télévision française, il nous confie un film qui recueille les témoignages de vingt-cinq habitants de Donora. En 1948 ils étaient pompiers,  commerçants, ouvriers de l'usine ou lycéens. Comme dans les autres cas de désastres environnementaux provoqués par l'industrie, ils hésitent entre la dénonciation des responsables de la pollution et la nostalgie pour une époque de plein emploi.

Surtout, ils racontent une époque où la conscience des questions de santé publique et d'environnement était quasi-inexistante. Plusieurs témoins le reconnaissent : la poussière de l'usine se déposait partout, l'herbe et les arbres ne poussaient plus sur les talus.

Les habitants avaient l'habitude de tousser et d'avoir les yeux qui piquent. Mais comme ils se disaient qu'ils avaient de la chance d'avoir un toit sur la tête et quelque chose à mettre sur la table pour nourrir leurs enfants, ils ne se plaignaient pas.

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