jeudi 29 avril 2010

L'arrivée à New York


Adrienne:

Nos parents nous ont réveillés a cinq heures moins le quart du matin en nous disant que dans quelques minutes nous allions passer sous le pont du Verrazzano.

Nous nous sommes enmmitouflés dans des écharpes et des manteaux parce qu'il faisait froid, mais moi je n'avais pas de manteau...

Dehors, c'était magnifique!

Quand nous sommes passés sous le pont - le bateau l'a presque frôlé - il y avait des camions qui klaxonnaient pour nous dire bonjour.
Nous avons mis un peu de temps à trouver un emplacement où il n y avait pas trop de monde et d'où l'on pouvait bien voir l'arrivée.

De là où on était on voyait toutes les lumières de la grande ville, les gratte-ciels, et il y avait plusieurs hélicoptères qui survolaient New York. Il y avait aussi des petits bateaux des gardes-côtes qui nous escortaient. Nous avons vu la Statue de la Liberté et l'Empire State Building.

Le seul problème dans tout ça, c'est que nous étions frigorifiés!


Ensuite, nous sommes allés prendre notre petit-déjeuner et avons fait un tour dans nos cabines pour voir si nous n'avions rien oublié. Nous sommes arrivés en retard au rendez-vous dans la salle de bal pour sortir du bateau et nous avons demandé conseil à une dame du bateau qui nous a fait sortir.

A l'arrivée à Brooklyn, Cyril a dû mettre sa main sur une machine qui a pris ses empreintes digitales.
Alice n'avait pas besoin de le faire puisqu'elle a un passeport américain.

La marraine de Colombe qui s'appelle Katherine et qui habite à New York est venue nous chercher à la sortie du bateau. A New York, il faisait beau.

lundi 26 avril 2010

La traversée


A plusieurs voix :

Octave
J'ai bien aimé le bateau. Il y a treize ponts sur le Queen Mary 2 et beaucoup de canots de sauvetage. Notre cabine était sur le pont 6, et il y avait trois lits, dont deux superposés. Chaque nuit il y avait un petit chocolat sur le lit.

Chaque jour je suis allé dans la Zone, une sorte de centre de loisirs pour les enfants. Tout le monde parlait anglais, et une des animatrices, Catherine, ne savait pas prononcer mon nom. Elle m'appelait "Octobe". J'ai appris à dire des choses en anglais, comme "See you later".

















Sur le bateau, j'ai beaucoup aimé me baigner. J'étais trop petit pour aller dans le grand bassin, donc je me suis baigné dans le jacuzzi. J'ai trouvé ça agréable toutes ces petites vagues qui débordaient.

 Adrienne :


Sur le bateau il y avait des codes vestimentaires pour le dîner (pour le breakfast et le lunch il n'y en avait pas).
Soit: élégant décontracté , bien habillé (semi-formal) ou très bien habillé (formal).
Les dames étaient habillées souvent avec une robe noire, quelques fois à paillettes, ou avec un châle. J'ai même vu une dame avec de la fourrure sur les bras.
Il y avait aussi quelques dames qui avaient des robes blanches, violettes, rose pâle ou encore vert foncé mais la majorité était noire. Pour  les soirées "semi-formal" il y avait des dames qui avaient des motifs floraux.

Pour les soirées "formal", presque tous les hommes portaient un smoking et pour les soirées "semi-formal", ils avaient une cravate.
Ils portaient une veste et un pantalon presque toujours noir mais j'ai vu quelques messieurs avec une veste blanche.

Les serveurs eux aussi avaient un code vestimentaire : pour le breakfast et pour le lunch ils portaient une veste blanche et pour le dîner une veste noire. Les chefs serveurs portaient toujours une veste noire.

Les serveurs du soir étaient toujours les mêmes. Ceux qui s'occupaient de nous s'appelaient Lara et Arnold. Ils viennent tous les deux des Philippines. Ils sont très sympathiques. Ils nous recommandaient toujours les plats végétariens.Lara sera sur le bateau quand nous serons là en août, mais Arnold sera en vacances.

Un jour, il y a eu un défilé des cuisiniers. C'était impressionnant! Ils étaient une trentaine avec des  grandes toques. Les chefs cuisiniers ont été présentés.

Pendant les repas un des chefs des serveurs qui s'appelait Ionel (il était roumain) venait bavarder avec nous. Il a un fils qui s'appelle Octavian !


Alice :


Le début de la traversée est placé pour moi sous le signe du mal de mer.
Pas de tempête pourtant, des vagues qui semblent de hauteur normale. Lorsque je sors sur le pont et que je peux regarder l'horizon, tout va bien, mais quand, devant le froid et le vent, je dois réintégrer la cabine, à l'arrière du bateau, les symptômes reprennent.

"Sleep it off", me recommandent les employés de la Cunard.

La nausée rappelle celle des premières semaines de grossesse. Elle m'oblige à aller m'allonger, et, effectivement, le plus souvent à dormir.

J'en parle autour de moi et découvre que les voyageurs aguerris prennent des cachets dès le premier jour, ou ne souffrent pas du tout du mal de mer. Le plus terrible, alors que je peux à peine mettre un pied devant l'autre, c'est le regard condescendant d'un employé au Purser's office à qui je demande quel est le remède le plus efficace. Il me répond que ça se passe entièrement dans ma tête. Je suis tentée de lui répondre que toute notre existence se passe justement là, dans notre tête, mais le mal de mer n'améliore pas mon sens de la repartie.

Cyril découvre qu'une des boutiques à bord vend des bracelets d'acupression qui peuvent remédier au mal des transports. Ils ressemblent aux bracelets portés par les joueurs de tennis dans les années 70 (Guillermo Vilas, Björn Borg, Vitas Gerulaitis...), mais avec une petite pastille blanche, censée exercer une pression sur le poignet. Je ne comprends absolument pas comment ce truc fonctionne (et je découvrirai d'ailleurs ensuite qu'il est considéré par les plus indulgents comme un placebo, au pire comme un attrape-nigaud), mais cela me soulage immédiatement. Adrienne, qui commence elle aussi à avoir le tournis, les porte et se sent bien mieux elle aussi.


Ce problème réglé, je peux enfin goûter au plaisir des journées à bord, réglées comme du papier à musique.

Matin, midi et soir, nous prenons nos repas au restaurant Britannia. Les serveurs, très, très gentils, semblent contents de voir une famille - il y en a peu à bord. Ils sont étonnés aussi de voir des enfants qui ne réclament pas des frites et du poisson pané à chaque repas et qui apprécient des menus prévus pour des adultes. Quant à Adrienne, Colombe et Octave, ils prennent rapidement goût aux repas au restaurant et commencent à trouver agréable qu'on leur ouvre leur serviette, qu'on remplisse leur verre d'eau, et qu'on leur serve des mets délicieux.

Globalement ils se tiennent vraiment bien (même si Octave choisit de régurgiter une petite pomme de terre trop chaude, précisément au moment où le head server vient nous demander si tout va bien).

Dans la journée, Cyril et moi travaillons un peu. Plusieurs traductions intéressantes sont tombées, et moi j'essaie d'avancer dans les derniers chapitres du livre sur les désastres écologiques. Les enfants vont dans une "play zone" (The Zone) une heure le matin et trois heures l'après-midi. Tout le monde parle anglais, donc c'est la première immersion pour les enfants dans une langue qu'ils ne parlent pas vraiment.

La moyenne d'âge des passagers est assez élevée, et les activités organisées sur le navire sont destinées à une clientèle anglaise, âgée et plutôt conservatrice - nous ne parlons pas de politique ici ! : dégustation de whisky ou de porto, conférences sur les voyages de Magellan, ou sur le mal de dos. Donc à part un vieux monsieur d'Irlande du Nord très gentil rencontré dès l'embarquement à Southampton avec qui nous discutons un peu chaque jour et quelques bonjour-bonsoir, nous restons plutôt entre nous.

Matin et soir, avant d'aller travailler dans la cabine ou à la bibliothèque du bateau, je fais le tour du Queen Mary 2 sur le pont 7. C'est le seul pont qui fait un tour entier du navire. Un panneau, avec la mention "Walkathon", indique que trois tours font un mile, soit un kilomètre et demi. Comme beaucoup d'autres passagers, je fais plusieurs tours, qu'il vente ou qu'il pleuve. Certains ont l'air de faire ça très sérieusement, comme un sport. Parfois, le vent est tellement fort que des parties du bateau sont fermées. L'avoir dans le dos permet d'accélérer le pas ...

L'image que j'avais des croisières avec des personnes qui paressent sur des transats, un cocktail à leurs pieds, ne correspond pas vraiment à la réalité, en tout cas pour cette traversée fin avril.

Dehors il fait plutôt froid et on est mieux à l'intérieur, devant une grande baie vitrée donnant sur l'océan.



Un matin, nous passons à proximité de l'endroit où le Titanic a coulé, le 12 avril 1912. Le commandant du navire ("Bernard Warner, the Commodore"), qui fait chaque jour à midi le point sur la traversée, donne ce-jour-là beaucoup de détails sur les rapports émis par le service canadien des glaces. A force de prononcer des paroles rassurantes sur l'éloignement des icebergs, nous commençons à regarder les bateaux de sauvetage avec plus d'intérêt.

Un livre vendu par la librairie à bord :

vendredi 23 avril 2010

Voyager lentement



Sept jours de traversée, six nuits : c'est le temps que prend la traversée de l'Atlantique entre Southampton et New York sur le Queen Mary 2.

Au moment de l'enregistrement des bagages au port, une dame anglaise, qui a fait le voyage plusieurs fois, nous dit que le trajet dure habituellement cinq jours.

Cela nous fait penser à un spectacle ("Dale Recuerdos") vu à la maison des Métallos juste avant le départ: un des acteurs, un habitant de Belleville né en 1925, évoque lui aussi la fameuse transatlantique, en cinq jours (il raconte aussi son étonnement d'avoir entendu l'annonce de la première traversée de l'océan en avion, d'une voix qui sortait d'un poste de radio bricolé par son père).

Pourquoi ce jour supplémentaire ?
Nous ne le saurons que plus tard.

Mais pour nous, qui partons pour plus de trois mois en Amérique du nord, cette semaine de traversée fait déjà partie du voyage.

Depuis un moment déjà, nous avions envie de nous passer de l'avion - dont on sait qu'il anéantit en quelques heures tous les choix écolos faits le reste de l'année. Nous avions aussi envie de prendre le temps d'aller lentement d'un endroit à un autre.

Les enfants, eux, ne sont pas très enchantés de quitter leurs amis, leurs enseignants et leur quartier chéri pendant quelques semaines. Et ils ont été assez refroidis par les photos de cargos, qui ne proposent généralement à bord qu'une table de ping-pong (ce qui plaisait en revanche beaucoup à Cyril).

Mais treize jours de traversée, à partir de Fos sur Mer - donc un prix élevé - et un cadre qui semblait peu adapté à des enfants nous ont finalement poussé à choisir de traverser l'Atlantique en paquebot.

Les enfants ont peu à peu changé d'avis, surtout après l'arrivée dans notre boîte aux lettres du catalogue de la Cunard. Trois piscines, un cinéma, une bibliothèque, des spectacles tous les soirs, une aire aménagée pour les enfants et la vie à bord d'un grand bateau leur ont donné envie de tenter l'aventure.

Un événement complètement inattendu, l'éruption du volcan Eyjakjöll en Islande, qui bloquera des centaines de milliers de passagers dans les aéroports des deux côtés de l'Atlantique pendant plus d'une semaine, nous fera aussi passer du statut d'écolos passéistes, un brin excentriques, à celui de voyageurs doués de prescience.

Vive le bateau !

mercredi 14 avril 2010

L'aventure commence plus tôt que prévu

Depuis longtemps nous nous préparions pour le départ, le 22 avril.

Les billets pour la traversée en bateau étaient réservés, l'Eurostar pour Londres, l'autocar jusqu'à Southampton, la nuit à l'hôtel. Tout était réglé...

Mais une semaine avant l'embarquement, c'est la tuile : la New-Yorkaise avec qui nous devions échanger notre appartement nous annonce sèchement par mail que tout est annulé - elle n'a pas l'autorisation de nous prêter son appartement, qui lui est prêté par sa fac !

Nous avons quelques jours pour trouver un logement pour cinq personnes, pour trois mois et demi ...

Le matin même, à la fête de Polynotes, l'école de musique des enfants, nous rions un peu nerveusement lorsque l'orchestre (avec Adrienne à la flûte et Colombe au violon) entonne, plusieurs fois, une variation d'un grand classique de la chanson française :




Nous rentrons vite à la maison et lançons des bouteilles à la mer pour trouver des solutions.

Un grand MERCI à toutes celles et tous ceux qui ont appelé leurs amis en Amérique du Nord.

MERCI aussi aux amis qui nous ont remonté le moral quand il était bas.

Amusant : Kathy et Steve, des vieux copains qui habitent à New York, au courant de notre mésaventure, ont été plus que surpris de découvrir cette affichette dans un coffee shop au coin de leur rue, avec pour contact un certain willfilm, dont les solidaires de Belleville connaissent bien la signature...





Bref, plusieurs dizaines de mails plus tard, nous arrivons à retomber sur nos pattes.

Deux jours avant le départ, nous savons que nous aurons un toit en arrivant aux Etats-Unis - à Boston - ce qui est quand même préférable avec trois enfants.

Quelques cheveux gris en plus, mais nous sommes prêts à partir.